Rasmata Ouedraogo porte le combat haut et fort de l’égalité hommes/femmes pour l’éducation et par l’éducation

Nouvelle | Publié: 08 March 2022

Après avoir mené une carrière de professeure de chimie et d’inspectrice, Rasmata Ouedraogo est aujourd’hui à la tête de la direction de la Promotion de l’Éducation inclusive, de l’Éducation des filles et du genre (DPEIEFG) au Burkina Faso. Depuis toujours, elle lutte en faveur des plus vulnérables avec pour devoir de faciliter l’accès des jeunes filles à l’éducation. Son rôle est de faire la jonction entre le Projet d’appui aux réformes institutionnelles et techniques pour l’équité (PARITÉ*) et le ministère de l'Éducation nationale et de l’alphabétisation (MENAPLN) à travers la DPEIEFG.

Rasmata Ouedraogo est l'une des premières femmes professeures de physique chimie des lycées et collèges au Burkina Faso. Elle est membre d'une association de femmes scientifiques dont le but est de susciter des vocations scientifiques chez les filles. Pourtant, elle avoue qu’il n’est pas aisé d’évoluer dans un milieu d’hommes.

Dans nos contrées, une femme dans les sciences, c’est tous les jours un défi parce qu’a priori les gens n’ont pas confiance en toi. Tu dois toujours faire tes preuves. Tu n’as pas droit à l’erreur. Il faut travailler plus que tout le monde pour être à la hauteur. 

Lors de ses études universitaires, en licence, elle était la seule femme de sa promotion. Parmi ses professeurs, les femmes effectuaient uniquement les travaux dirigés.

Heureusement, elle dispose de la détermination d’une frondeuse. « J’aime relever les défis surtout quand on me dit que c’est seulement un sexe qui doit le faire. » Dès son enfance, elle réclame à son père le même droit à apprendre que ses frères. Elle s’affiche d’emblée à contre-courant de certaines pratiques de la culture traditionnelle de son pays qui veut qu’on ne transmette certains savoirs qu’aux garçons. Elle a la chance d’avoir un père favorable à l’éducation de tous ses enfants. D’ailleurs, elle confie lui devoir sa vocation de scientifique. « À 7 ans, à la veille de la rentrée scolaire, dans la nuit, mon père m’a appris à compter de 1 à 5. Comme j’aimais mon père, je l’ai fait. Le lendemain matin, avant qu’il ne m’amène à l’école, je suis allée volontairement devant lui pour les réciter. Et aujourd’hui je sais que c’est ce qui a déclenché mon amour pour les mathématiques. » 

Après 14 ans d’enseignement et d’inspection, en 2008, elle est nommée directrice de l’Éducation des filles au secondaire et au supérieur. En 2016, avec le changement institutionnel qui a consacré le nouveau ministère chargé de l’éducation nationale, elle est nommée à la direction de la Promotion de l’Éducation inclusive, de l’Éducation des filles et du genre (DPEIEFG) au Burkina Faso. Elle complète alors ses connaissances par diverses formations sur les questions de genre (genre et éducation, genre et pédagogie sensible au genre) au Burkina Faso notamment grâce au ministère de la femme, à l’UNESCO et en suivant d’autres formations prodiguées dans les milieux des ONG, et à l’étranger à Emory University. Consciente de la diminution du nombre de filles dans les classes et d’autant plus scientifiques, elle trouve dans ce poste une opportunité d’aider les filles à accéder à l’école et à y réussir.

En 2019, à la création du Projet d’appui aux réformes institutionnelles et techniques pour l’équité (PARITÉ), elle perçoit immédiatement l’opportunité de propulser et d’augmenter l’égalité homme / femme. Sa direction est d’ailleurs identifiée comme la meilleure porte d’entrée du projet, soit l’interface idéale avec le ministère, dont elle devient le point focal. 

Les enjeux pour moi, c’est de pouvoir mobiliser tous les acteurs et les actrices du projet pour l’égalité des chances et d’opportunités entre hommes et femmes dans l’éducation, c’est promouvoir l’égalité des genres par l’éducation et dans l’éducation. 

Bien que les indicateurs montrent aujourd’hui qu’une certaine parité est atteinte, voire dépassée en faveur des femmes en termes d’accès à l’éducation, elle met en garde ceux et celles qui pensaient que le combat est gagné et qu’il faudrait arrêter. Les conditions de vie et d’études au sein des établissements sont encore défavorables aux filles.

Toutefois, un résultat majeur depuis les deux ans d’existence du PARITÉ réside dans la synergie des actions avec sa direction, désormais mieux impliquée dans toutes les actions régaliennes. « Car les questions de l’égalité ou encore de genre, c’est transversal. Avec ce projet on arrive à mieux s’insérer et les autres structures arrivent à comprendre l’enjeu de nous impliquer. Nous sommes invité-e-s à donner notre regard et faire des recommandations. C’est en train de prendre corps, c’est un acquis majeur. »

Rasmata Ouedraogo voit dans le PARITÉ les sillons tracés pour l’égalité hommes / femmes pour l’éducation et par l’éducation dans son pays.

Elle nous laisse en conclusion ce message de femme inspirante : 

Croire que l’on peut réussir mais surtout que l’on doit réussir. Que l’on soit fille ou garçon, que l’on soit issu-e d’une famille pauvre ou d’une famille riche. La connaissance et le travail sont les conditions d’accès de la réussite pour soi-même et pour un meilleur vivre-ensemble. 

* Le PARITÉ contribue à améliorer l’accès à l’éducation de base de qualité pour les filles et les garçons et s’inscrit dans la vision de développement de l’éducation du gouvernement du Burkina Faso qui est de former des citoyen-ne-s responsables doté-e-s de compétences nécessaires pour soutenir le développement économique et social du pays. Ce projet renforce les capacités du personnel du MENAPLN afin de permettre l’adoption de pratiques éducatives favorisant l’inclusion et les apprentissages, notamment pour les filles, et l’amélioration de la gestion de l’éducation plus inclusive. Il est mis en œuvre par une agence d’accompagnement composée de Alinea international et le CECI en collaboration avec le MENAPLN.

Le PARITÉ est réalisé par le consortium Alinea International et CECI avec un financement d'Affaires Mondiale Canada.

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