Plus nourrissant que le riz brut et particulièrement prisé en Afrique de l’Ouest, le riz étuvé représente une opportunité économique pour de nombreuses femmes du département des Collines, au Bénin.
Dans cette région du Centre du pays, 5 300 femmes se sont regroupées pour constituer diverses unions de femmes étuveuses de riz et se sont spécialisées dans cette technique de transformation du riz brut afin d’améliorer leurs revenus et leurs conditions de vie.
Si le désir de progrès de ces femmes est inébranlable, leur chemin vers plus d’autonomie financière et de bien-être n'en est pas moins semé d'embûches. Car au Bénin, le pouvoir décisionnel est surtout concentré entre les mains des hommes. Que ce soit en matière de participation à la vie politique, sociale ou économique, ou de choix liés à l’éducation, la santé, ou la planification familiale, il revient généralement au mari de prendre les décisions pour sa femme et sa famille. Ce manque d’autonomisation et de pouvoir décisionnel restreint l’accès des femmes à de multiples services, ainsi qu’aux opportunités de développement et d’émancipation économique.
C’est pour inverser cette tendance défavorable aux femmes que le projet d’appui à l’entrepreneuriat féminin au sein de la filière fiz (PAEFFR) vise à accompagner les structures associatives partenaires, pour qu’elles deviennent des entreprises rentables, professionnelles et reconnues dans la filière riz.
« Avant, je n’arrivais pas à prendre la parole en public, mais maintenant j’y arrive, y compris devant les hommes. Les appuis du PAEFFR m’ont permis d’avoir plus confiance en moi, » explique Elisabeth Maffon, présidente de l’Union des coopératives communales des étuveuses de Riz (UCCER) de Savalou.
« Les formations sur les masculinités positives ont mis nos maris en confiance. Ils sont maintenant conscients que leurs femmes vont suivre des formations pour améliorer leurs revenus, leurs conditions de vie et d’existence, et qu’elles contribueront de ce fait plus efficacement aux charges du ménage, » ajoute Augustine Agbanrin, secrétaire générale de l’Union des coopératives communales des étuveuses de riz (UCCER) de Bantè.
Au total, 5 300 femmes productrices et étuveuses de riz bénéficient de services-conseils et de formation pour devenir des cheffes d’entreprises plus performantes, économiquement durables et socialement justes. Concrètement, cela implique une approche englobante, qui permet de répondre aux divers besoins des entrepreneures tels que l’alphabétisation, le leadership, la gouvernance, la gestion et la participation au développement économique.
« Les renforcements de capacités sur le calcul des coûts (coûts de production, compte d’exploitation) nous ont permis de connaître notre marge bénéficiaire. Cela nous a motivées à accroître notre capacité de production en riz étuvé, » témoigne Augustine Agbanrin.
À travers l’accompagnement du projet, l’adoption de pratiques de transformation plus efficaces a contribué à améliorer le rendement en riz étuvé. Ainsi, les femmes qui respectent le temps de séchage recommandé (au moins deux heures) obtiennent un taux de transformation du riz supérieur à celles qui ne le respectent pas.
De plus, face à la concurrence du riz étuvé importé et à l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le marché des produits agricoles, les femmes ont su s’adapter en développant de nouvelles stratégies de commercialisation avec l’appui du projet. Elles ont ainsi amélioré leurs capacités à percer certains marchés en adoptant des stratégies de pénétration plus efficaces. Elles ont donc été en mesure de commercialiser leur production et d’anticiper le remboursement de leur crédit auprès de leur institution financière. La capacité de ces femmes à négocier leurs crédits leur a également permis de constituer des stocks de matières premières afin d'accroître les volumes de production de riz étuvé.
« Les renforcements de capacité sur la qualité du riz et sur la prospection de marché ont permis d’améliorer le prix de cession et l’offre des femmes étuveuses en riz étuvé, et par conséquent le chiffre d’affaires des femmes étuveuses, » explique Augustine Agbanrin.
En effet, depuis le début du projet, en 2017, les volumes de vente des femmes étuveuses ont augmenté de 226%, ce qui a permis une augmentation considérable de leur chiffre d’affaires dans la filière, qui est passé de 33 440 $ en 2017 à 98 202 $ en 2020.
Le projet d’appui à l’entrepreneuriat féminin au sein de la filière fiz (PAEFFR) est financé par Affaires mondiales Canada et soutenu par le Club des ambassadrices du CECI. Il est bâti sur les succès et les leçons apprises du projet d’appui aux étuveuses de riz du Burkina Faso, qui s’est achevé en 2019.
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