Rien qu’il y a huit mois, le rêve de Sintaro Mahama de transformer sa ferme en un centre de formation pour les agriculteurs et les agricultrices n’existait que sur papier. La ferme de monsieur Mahama est située en périphérie de Tamale, dans la région Nord du Ghana. À l’autre bout du monde, à Sherbrooke, au Canada, un groupe de sept étudiant(e)s préparait des plans et des fiches de calcul tout en collectant des milliers de dollars pour contribuer à la réalisation de la vision de monsieur Mahama.
Monsieur Mahama est le PDG de Tibzaa Integrated Farms, une entreprise sociale qui forme les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales. Tibzaa signifie « guérison totale » en langue locale dagbanli. Depuis sa création en 2011, l’entreprise en a formé plus de 1 400.
Les étudiant(e)s canadiens sont principalement des ingénieurs en fin d’études à l’Université de Sherbrooke. L’Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC) et le Centre d’étude et de coopération international (CECI) sont deux ONG canadiennes qui pilotent un programme pour jumeler ces deux groupes d’univers différents.
En 2018, monsieur Mahama et les étudiant(e)s ont travaillé en étroite collaboration sur Skype et par courriel pour la conception et la construction d’un centre de formation sur place à Tibzaa. Ce centre vise à permettre aux jeunes agricultrices et agriculteurs d’apprendre les meilleures pratiques agricoles et stratégies agroalimentaires dans un environnement sécurisé, propre et moderne. Le centre Tibzaa offrira divers cours enseignés par des spécialistes agricoles locaux. Les femmes et les jeunes des communautés locales seront invités à participer aux formations, et ce, que ces dernières soient sanctionnées par un diplôme ou non.
Ayant voyagé et étudié à travers le monde, monsieur Mahama affirme que c’est le désir de redonner aux gens de sa communauté qui l’a poussé à revenir à Tamale, sa ville natale.
Il déclare : « Je veux créer un impact à travers l’expérience et les connaissances que j’ai acquises au fil des ans en les transmettant à mon peuple…. Je veux les soutenir et créer des possibilités pour eux. »
Le centre de formation a été construit pour satisfaire un besoin dans la région du Nord du Ghana qui enregistre le taux de pauvreté le plus élevé. L’agriculture de subsistance et l’aviculture sont les principales activités économiques, mais les pratiques agricoles locales n’y sont pas toujours les plus efficaces ou les plus sûres.
De septembre à décembre 2018, les étudiant(e)s canadiens ont travaillé sur le bâtiment avec une équipe d’ouvriers et d’ouvrières et le personnel de Tibzaa. Le projet a rencontré des difficultés. Le temps et les ressources limités, aussi bien sur le plan financier que matériel, ont eu pour conséquence un report de la construction du dortoir des filles et de la cuisine. Toutefois, maintenant que la fondation de la cuisine est terminée et que le dortoir est achevé, monsieur Mahama espère que la deuxième phase de la construction pourra démarrer plus tard cette année et que la construction sera achevée.
Laurie Bernier-Beaupré est une étudiante canadienne en sciences politiques et conseillère en genre impliquée dans le projet. Son travail consistait à se rendre auprès des communautés et des collèges et lycées locaux en compagnie du chef du projet de Tibzaa, Hikimatu Kadiri, pour motiver plus de jeunes femmes et de filles à participer aux programmes de formation agricole professionnels. Les deux ont surtout travaillé à faire état de l’absence des femmes dans un univers fortement masculin. Ils ont partagé leurs conclusions avec les partenaires du projet, tels que la Tamale Technical University afin d’encourager les instituts qui offrent des formations professionnelles techniques à recruter plus de femmes.
En décembre, les étudiant(e)s ont célébré la fin de leur travail et le démarrage des activités du centre de formation. Madame Bernier-Beaupré se dit fière et confortée dans son choix.
Elle déclare : « Dès que [les femmes] sont entrées en classe, elles ont commencé à discuter entre elles des places où elles pourraient s'asseoir durant les sessions de formation. Le fait de voir les femmes de ces communautés être fières, s’approprier ce projet et développer un sentiment d’appartenance est ce dont je suis le plus fière. »
Monsieur Mahama est enthousiasmé par le nouveau centre. Il déclare : « C’est l’un des meilleurs projets auxquels nous ayons participé. »
Tibzaa devrait former 5 200 personnes dans le nouveau centre pendant les deux prochaines années. C’est un objectif ambitieux, mais atteignable. Tibzaa est reconnue au sein de la communauté comme une entreprise fiable et digne de confiance et monsieur Mahama s’est engagé à offrir une approche durable pour la réduction de la pauvreté dans la région.
Il déclare : « Ce n’est qu’un début. Je vois [Tibzaa] devenir un des meilleurs centres de formation agroalimentaire professionnels de toute la région du Nord. »
Le programme Uniterra a accordé des fonds pour la production de cette nouvelle.