Le CECI a obtenu du gouvernement du Québec une aide financière d’un million de dollars pour mener un projet de lutte contre les changements climatiques dans la région Nord d’Haïti. Mené en collaboration avec la société québécoise Viridis Terra Innovations et s’appuyant sur l’expertise de partenaires locaux, le projet triennal vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre par la mise en place d’un système de valorisation des déchets organiques par compostage et par l’implantation de forets énergétiques durables.
Le projet KLIMA entend soutenir les communautés et les partenaires locaux de Cap-Haitien dans leurs efforts de lutte contre les changements climatiques et les accompagner dans le développement d’une économie verte et durable. Mis en œuvre par le consortium CECI-Viridis Terra Innovations (VTI), grâce à la participation financière du Gouvernement du Québec et en collaboration avec le programme Uniterra, il comprend deux composantes majeures et comporte en outre un volet de sensibilisation et de formation des populations concernées.
Réduire la pression sur les ressources forestières
Le premier volet vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) causées par la déforestation et l’utilisation massive de charbon de bois, et par conséquent à diminuer la pression sur les ressources forestières.
En Haïti, près de 98% du territoire a été déboisé en un peu plus de 2 siècles d’exploitation non durable des ressources. Cette déforestation a réduit considérablement la résilience des écosystèmes causant de graves problèmes d’érosion et de désertification des terres et accentuant de fait les impacts négatifs des changements climatiques sur les communautés. La surexploitation des ressources ligneuses, et la dégradation continue de l’environnement qui en découle, rend ainsi la région de Cap-Haïtien très vulnérable face à des évènements météorologiques toujours plus extrêmes.
Avec quelque 117 000 tonnes de bois de charbon nécessaires chaque année pour subvenir aux besoins de la population, la pression sur la couverture forestière restante est forte.
Le Projet Klima, qui allie l’expérience et le réseau du CECI en Haïti et l’expertise technique de VTI, va permettre d’implanter et de développer des forêts énergétiques productives, à courte rotation. Ces forêts, gérées et exploitées de façon durable, amélioreront la résilience des écosystèmes sur les terres dégradées d’origine non agricole et fourniront une nouvelle source d’énergie renouvelable carboneutre. Le projet pilote permettra de réduire la pression de déforestation sur environ 80 hectares de forêts naturelles par année.
Gestion durable et valorisation des déchets organiques
Le deuxième volet du projet KLIMA concerne l'implantation d'un système pilote de gestion et de valorisation des déchets organiques par compostage dans les parcs à déchets du Cap-Haïtien. La deuxième ville du pays, qui compte 442 000 habitants, produit chaque année 80 700 tonnes de déchets solides, qui sont entreposés dans le parc Fort Saint-Michel. Les deux tiers de ces déchets sont de type organique, ce qui représente une très grande quantité de matériel potentiellement valorisable en compost éco-industriel - on estime que 1400 tonnes pourront être produites chaque année avec le système pilote.
L’objectif est double : d’une part, réduire les émissions de méthane dues aux dépôts de matières résiduelles organiques (un gaz à effet de serre 21 fois plus puissant que le CO2 en potentiel de réchauffement global) et d’autre part générer une source importante d'engrais vert pour les paysans de la région - l’obtention de compost local et son utilisation comme engrais organique notamment par les producteurs-trices de bananes remplacera avantageusement les produits chimiques importés des Etats-Unis.
En plus de la création directe et indirecte d’emplois, le compostage des déchets organiques aura un impact direct sur l’assainissement de la zone métropolitaine de Cap-Haïtien et favorisera le développement agro-touristique de la région.
Le projet KLIMA permet donc d’augmenter l’offre locale de produits tels que le bois énergie carboneutre et le compost éco-industriel (engrais vert), de façon durable, tout en réduisant les émissions de GES et en augmentant la résilience des écosystèmes.
Sensibilisation au travers des partenaires locaux
Afin d’accroître la mobilisation et la prise de conscience des communautés de la région dans la lutte contre les changements climatiques, de nombreuses activités de sensibilisation et de formation sur les enjeux et mesures d’adaptation seront menées dans le Nord d’Haïti. Les conférences et ateliers porteront notamment sur la conservation des ressources forestières, l’utilisation de bois énergie carboneutre, la valorisation des déchets organiques ou encore l’agroforesterie climato-résiliente.
Pour assurer une réelle prise en charge locale de la lutte contre les changements climatiques et garantir des actions adaptées aux besoins de la région, le projet a été conçu en étroite collaboration avec des partenaires locaux, qui verront, tout au long du projet, leurs capacités renforcées.
Parmi eux, les Jeunes Entrepreneurs Agricoles du Nord (JEAN) assureront l’accompagnement technique: choix final des essences d’arbres, ateliers de démonstration sur les bonnes pratiques, transformation du bois énergie via les fours écoles de carbonisation éco-énergétique, etc. L’Organisation des Jeunes en Action (OJA) œuvrera quant à elle à l’implantation du système pilote du tri de déchets et compostage, à la production de compost et à sa commercialisation.
« Le CECI compte sur de solides partenaires locaux pour appuyer la mise en œuvre du projet et sur un processus participatif qui permet aux populations de bénéficier durablement des activités économiques vertes créées par ce projet » souligne Claudia Black, directrice générale du CECI, qui rappelle que l’ONG est implantée en Haïti depuis 1971 et œuvre dans le Nord du pays depuis une décennie. « En mettant en place les mécanismes essentiels à la sensibilisation et à la mobilisation de la population sur les principaux enjeux reliés aux changements climatiques et aux enjeux environnementaux, ce projet posera les bases d'une bonne gouvernance dans le secteur de la gestion des déchets et encouragera l'installation de forêts énergétiques productives et durables » assure Claudia Black qui souligne que le projet KLIMA s’inscrit en droite ligne des objectifs d'Haïti qui entend réduire de 31 % ses émissions de GES d'ici 2030.
Sélectionné dans le cadre du Programme de coopération climatique internationale du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, le projet KLIMA est réalisé grâce à la participation financière du gouvernement du Québec, dans le cadre du Plan d’action 2013-2020 sur les
changements climatiques, financé par le Fonds vert. D’un montant total de près de 1 400 000 dollars, le projet est actuellement en phase de planification et devrait débuter ses activités à partir du mois de novembre.