Au Burkina Faso, le CECI et l’EUMC ont décidé de faire du programme Uniterra une référence dynamique en matière de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes (EFH), en s’appuyant sur le renforcement du pouvoir économique ou l’autonomisation économique des femmes (empowerment). Le Comité Interprofessionnel du Riz du Burkina (CIRB), partenaire dans le cadre du programme, a choisi d’agir sur l’autonomisation économique des étuveuses de riz de Bama. La présente étude de cas illustre l’importance de l’autonomie économique des femmes comme levier pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Les étuveuses de riz sont des femmes qui achètent le riz paddy (riz non décortiqué) et le transforme par étuvage. L’étuvage est une technologie qui consiste en un traitement à la vapeur, c’est à dire à « pré-cuire » le riz. Ce procédé accroît nettement la qualité du riz car il permet de colmater les fissures du grain et de durcir l’amande. L’étuvage améliore également la qualité nutritionnelle (vitamines hydrosolubles et minéraux) et la qualité culinaire. Le riz étuvé cuit est plus ferme, moins collant et les pertes à la cuisson sont réduites. Ce riz est populaire car il économise du temps de cuisson et consomme moins d’énergie, ce qui est très recherché en milieu urbain et devient populaire en milieu rural.
Des volontaires ont appuyé les étuveuses de riz par une étude des contraintes au développement de l’activité, puis à travers la formation et l’accompagnement de proximité. Des stagiaires ingénieurs canadiens ont, de leur côté, mobilisé des ressources financières et leur savoir-faire pour construire un centre d’étuvage et un four.
Cet appui des volontaires a permis aux femmes étuveuses de passer d’une activité individuelle, exigeante et aux revenus aléatoires, à une activité organisée, structurée, moins pénible et rentable, faisant du centre d’étuvage la première entreprise en importance de la commune rurale de Bama. L’accroissement de leurs revenus a permis aux étuveuses de contribuer aux dépenses de leur ménage, de participer financièrement à certaines réalisations de la commune et au niveau national. Ces actions concrètes ont amélioré significativement la perception et l’image des femmes au sein de leur famille, de la commune et au niveau national car, comme elles le disent : « si tu n’as rien à donner, tu n’as rien à dire ». Leurs suggestions sont de plus en plus prises en compte par leurs époux dans le cadre de la gestion de la famille et elles sont conviées aux échanges sur les principales questions de développement de la commune. Enfin, depuis 2010 les étuveuses de Bama sont associées aux concertations annuelles entre le ministre de l’Agriculture et les riziculteurs, pour la fixation du prix du riz. Elles ont reçu en 2012 la médaille de Chevalier de l’Ordre du mérite national des mains du Président du Burkina Faso.