Vitalité et réalités : mouvement des femmes africaines

Nouvelle | Publié: 16 May 2023

Le CECI a organisé la semaine dernière à Montréal une conférence avec les représentantes des organisations partenaires de son projet EDUFAM. Les représentantes de six organisations venues du Burundi, de la République Démocratique du Congo et du Rwanda ont discuté des enjeux et des réalisations du mouvement des femmes dans la région.

Le projet EDUFAM est mis en œuvre dans des zones particulièrement touchées par la crise des déplacements, où les déplacé-e-s et les réfugié-e-s cohabitent avec les communautés locales : territoire de Fizi en RDC, le district de Kirehe au Rwanda et la commune de Gasorwe au Burundi. Ce projet vise à faciliter l’accès des filles, des adolescentes et des femmes à une éducation de qualité, à accroître leur maintien dans des milieux scolaires adaptés à leurs besoins, ainsi que leur capacité à prendre part aux décisions et à défendre leurs droits en matière d’éducation. À terme, le projet EDUFAM favorisera l'autonomie de près de 25 000 filles, adolescentes et femmes (y compris les réfugiées, déplacées, retournées et handicapées).

De cette conférence il est ressorti plusieurs points dont le fait que chaque pays évolue avec ses réalités et ses contraintes. Au Rwanda par exemple, plusieurs lois ont été révisées en faveur des droits des femmes. Ainsi, le cadre légal est présent, mais l’application de ces lois reste difficile. Pour le moment, le contexte social, les normes sociales entravent leur mise en application effective au quotidien. Toutefois, certains acquis du projet sont reconnus par les autorités locales  mais le processus de changement des mentalités est encore long. En revanche, au Burundi, des bases en matière  des droits des femmes sont jetées  mais d’autres lois sont encore à améliorer. Par exemple, il n’y a pas de lois en matière de succession pour les femmes et les filles. Un projet de loi est en cours, relancé après une longue période de mise en jachère.

Pour la RDC, les violences basées sur le genre ne sont pas prises en compte dans leur loi sur les violences sexuelles et font objet de discussion au projet loi en cours d’adoption. 

La valeur ajoutée du projet EDUFAM est d’agir directement sur l’accès et le maintien des jeunes filles à l’école. Il met un accent particulier sur la transformation des normes sociales avec l’intégration de manuels et pédagogie sensible au genre qui prennent en considération les différences basées sur le genre, à la mise en place de suivis individualisés, ou encore à l’établissement de niveaux de vulnérabilité pour mieux accompagner les jeunes filles.L’approche des “contrats sociaux” fait recours aux ressources locales pour une résilience communautaire face aux barrières à l’accès et au maintien des filles à l’école.

« Éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation » dit James Emman Aggrey.

Cela fait 3 ans que ce projet a débuté et les résultats sont déjà visibles.  Plus de 2000 filles ont été réintégrées dans le cursus scolaire, et d’autres récupérées pour l’apprentissage des métiers. Il existe toujours des stéréotypes, par exemple pour les métiers qui ne sont pas traditionnellement destinés aux femmes comme la maçonnerie ou la mécanique, mais des filles ont reçu leurs diplômes dans ces domaines et sont maintenant en phase d’insertion dans la société. L’action se poursuit aussi dans les communautés où l'éducation reste un enjeu majeur et où l'analphabétisme des femmes est faible. 

Dans la majeure partie des pays de la région des Grands Lacs africains, les lois sur la protection des droits des femmes sont en cours d’élaboration ou en phase d’adoption. Les gouvernements sont favorables au changement de la situation des femmes, mais les actions de plaidoyer sont nécessaires pour soutenir les projets de lois. Le CECI continue d’appuyer techniquement et financièrement ces mouvements féministes du Burundi, de la République Démocratique du Congo  et du Rwanda, et soutient leurs efforts qui visent à améliorer le statut et la condition des femmes et des filles dans la région.

Cette rencontre se situe dans le cadre du projet Éducation des filles pour un avenir meilleur (EDUFAM) porté par le CECI en consortium avec la Fondation Paul Gérin-Lajoie (FPGL) et du Programme de coopération volontaire (PCV).
 
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